Un certain 13 Juillet, il y eut la naissance d’un heureux évènement. Sa mère regardait sa petite fille, émerveillée par cette petite parcelle d’espoir qui fut arrivé à faire disparaitre son plus gros démon, qui fut l’alcool, et qui avait justement provoqué cette naissance. En effet, Mia-Rose ne connaissait pas son père, et ne voulait pas le connaître. Ainsi, sa vie débuta sans trop d’encombre. Nourris, choyée, aimée, la petite fille avait tout l’amour de sa génitrice pour grandir dans une atmosphère des plus satisfaisantes, même si le revenu de cette dernière n’était pas des meilleurs pour le moment. Elle avait seulement 32 ans et débutait sa vie entant que secrétaire d’une agence immobilière, et étant employée à temps partiel, cela lui laissait le temps de s’occuper de sa fille. A l’âge de 9 ans, la fillette devenait déjà de plus en plus autonome. Sa mère avait rencontré un homme qui savait la rendre heureuse et c’était tout ce qui comptait pour Mia-Rose, bien qu’elle le vivait assez mal parce qu’elle avait peur de lui.
Et lorsqu’il s’installa à la maison pour fêter leurs deux ans de vie de couple, cet homme-là ne se gênait pas pour frapper la petite fille lorsque sa mère n’était pas présente chez elle. Il l’a menaçait des pires choses si elle disait quoique ce soit. La petite fille s’est alors enfermée dans un mutisme des plus morts. Elle devint de plus en plus mélancolique, de plus en plus sombre, et se mit à écrire sur papiers les paroles les plus noires. Sa mère sentait que sa fille allait mal, mais à chaque fois qu’elle lui demandait, elle pouvait voir le grand sourire de l’homme derrière le dos de sa mère qui la narguait. Elle s’isola, ses notes ne faisaient qu’augmenter tandis que son moral ne faisait que sombrer. C’était la seule façon pour la fille d’oublier cette violence. Elle cachait les bleus provoqués par les coups mais cela devenait de plus en plus dur, car il y en avait de plus en plus.
Quelques temps plus tard, sa mère se sépara de cet homme. Un immense soulagement pour Mia-Rose, qui malgré cela, n’est pas arrivé à dire tous ses secrets à sa génitrice. Elle continua de sombrer dans son mutisme, comme un long navire qui coule dans un Océan sans fond. A l’âge de 15 ans, la jeune femme se retrouva hospitalisée dans une clinique. Elle n’est pas arrivée à supporter tout le poids de cette souffrance. Au lieu de mettre directement fin à ses jours, elle a préféré affamer son corps, qui de toute façon n’avait plus aucun attrait pour la nourriture. Elle n’était plus que des os, la mort s’infiltrant peu à peu dans son âme. Elle faisait toujours paraître qu’elle était forte, indépendante et solide, mais en réalité, bien qu’elle fût incapable de l’admettre, elle était faible. Elle s’était donc fait suivre par des psychiatres, nutritionniste, elle n’en pouvait plus de tout cela. Ce qu’elle voulait c’était qu’on lui fiche la paix.
Elle réussit quand bien même quelques temps plus tard à tout avouer à sa mère, qui tomba en larmes à cause de la lourde peine de ses mots. Elles portèrent plainte, il fût incarcéré, et tout rentra dans l’ordre. Enfin presque. La jeune femme âgée maintenant de 18 ans souffrait encore de désordre alimentaire. Puisque toutes ces années l’avaient vouée à une sorte de mort psychologique, ses relations amicales et amoureuses n’avaient donc jamais été très florissantes, bien qu’elle ait des connaissances autour d’elle, mais ils n’étaient pas importants pour elle. La seule personne qui l’avait soutenue dans tout ce qu’elle avait traversé, c’était bien sa mère.
Mais, non, il y avait aussi ce jeune homme… dont elle était follement tombée amoureuse, et qu’il l’avait quitté car il n’avait pas supporté de la voir mourir de jour en jour, et que malgré tout l’aide qui lui avait proposé, il était resté impuissant face à sa maladie mentale. Elle l’avait aimé. Elle l’avait toujours perçu comme un ange tombé du ciel, sans les ailes apparentes bien sûr. Il avait toujours été là pour elle, et l’avait comblé d’un amour et d’un bonheur sans pareil. Pour elle, c’était d’ailleurs simple, le bonheur avait juste son nom. Elle rêvait de le revoir, d’admirer son joli visage, ses beaux cheveux bruns et lisse, ses yeux d’une grande intensité dans lesquelles elle aimait se perdre… Lui seul avait vu voir en elle, ce que les autres ignoraient. Il avait compris que son caractère si fort et si sûr, n’était en fait qu’une protection. Pour se protéger du mal, pour se préserver de la faiblesse.
Mia-Rose songeait souvent à la vie dure qu’elle avait fait subir à sa très chère mère durant beaucoup d’années. A cinq ans, elle se revoyait gambader dans les champs munis d’un bandana sur la tête. Quelques années plus tard, c’est dans les hôpitaux qu’elle se mettait à courir, évitant les infirmiers qui l’a clouait au lit de force pour lui insérer une sonde à l’intérieur de l’estomac qui la nourrirait convenablement, chose qu’elle s’empêchait de faire. Sa mère, les larmes aux yeux, lui demandait souvent les raisons de cette autodestruction, ce qu’elle avait fait de mal pour que la chair de sa chair se fasse mourir de faim… Il y avait eu des psychologues, des psychiatres, mais personne n’avait réussi à savoir ce qui se dissimulait dans ses yeux qui regorgeaient de mystère. Elle était comme guidée par une voix qui prenait le contrôle sur sa vie jusqu'à ce fameux jour où sa vie entière bascula...
On la percevait comme une sorte d’héroïne tragique. Une fille qui passait son temps à écouter les autres pendant que son cœur se tordait de douleur d’un manque incertain mais d’une haine grandissante. En remarquant que la drogue lui coupait davantage l’appétit, elle l’invita à entrer dans sa vie, lui priant presque de l’assombrir d’une nouvelle couche de noire. Elle devenait folle, malade, obsédée, masochiste, et son décès était bien sur le destin le plus probable qui soit. A son anorexie mentale s’ajouta une sérieuse dépression nerveuse. Son esprit, déjà tourmentée de ses propres démons, était davantage malmené par toutes les pilules qu’elle ingérait par jour. Elle aimait se sentir engourdie ; Elle avait l’impression de ne plus vraiment exister, comme si elle sentait que son âme prenait de plus en plus de distance avec son corps.
Le jour de ses dix-neuf ans, à dix heures du matin, la mère de Mia-Rose vint la réveiller afin de lui souhaiter un joyeux-anniversaire. Elle avait prévu de l’emmener s’aérer la tête car elle savait que le quotidien de sa fille était insoutenable. Quelque part, elle avait toujours su que ce n’était qu’une question de temps avant que Mia-Rose ne succombe à ses souffrances…
La jeune fille était dans son lit, un sourire paisible ornait ses lèvres fanées. Elle était d’une pâleur mortuaire. Ses cheveux pourtant clairs, paraissait terriblement foncés tant le contraste était important. La génitrice s’assit à ses côtés, caressant d’une grande tendresse sa joue froide mais douce d’un revers de la main. Des larmes coulèrent silencieusement de ses yeux lorsque qu’elle prit compte de la boite de somnifères posés sur la table de nuit. Sa fille était partie. Et elle ne reviendrait plus.
"Her heart's a bloodstained egg,
we didn't handle with care.
It's broken and bleeding and
we can never repair..."
Depuis que Mia-Rose avait découvert les méandres de cet au-delà sordide et morbide, elle était encore plus morose que dans son « ancienne » vie. Ce monde était d’une grande tristesse en plus d’être très bizarre. Certaines fleurs respiraient le souffre, des créatures aussi menaçantes qu’étranges peuplaient les lieux… Tout ici sentait la mort. Dans la tête d’une fille dépressive qui a elle-même mis un terme à sa vie, ça ne pouvait que l’influencer à recommencer.
Cependant, elle adorait se réfugier au lac de larmes. Elle trouvait que ce lieu lui ressemblait et ça l’aidait à survivre chaque jour. Sans oublier évidemment l’aide de son beau couteau. Elle n’avait pas l’âme d’une tueuse, mais l’instinct de survie et peut être aussi sa fierté, l’empêchaient de se laisser écraser par qui que ce soit. Si elle devait encore une fois mourir, c’est elle qui choisirait encore une fois sa propre fin.