La vie de Florentine Baker débuta le jour de ses 16 ans. Les seize premières années de sa vie ont été monotones, aucun sentiment, aucune sensation n’en est ressortie. A vrai dire, rester enfermer dans un manoir, connaissant juste de l’extérieur les jardins du manoir ce n’est pas vraiment une vie. Les journées de la Baker était rythmées par des cours, mathématiques, philosophie, musique, poésie, bienséance, éthique. La jeune fille connaissait ses matières parfaitement, mais de la vie, des sentiments elle ne connaissait rien. Le mot amour n’était pour elle qu’un mot quelconque que l’on pouvait trouver dans des livres. En effet, chez les Baker, l’éducation de leur fille unique, digne héritière de leur domaine passait avant tout et pour cela il lui était interdit de s’approcher du village pour ne pas côtoyer la basse populace.
Mais le jour de ses 16 ans tout bascula. En guise de cadeau, sa mère lui permit de faire un tour au marché du village. Heureuse, Florentine ne perdit pas de temps et ne se fit pas prier. Arrivée là-bas elle put constater, les rires, les joies des habitants. C’est alors qu’au moment d’acheter une pomme qui lui donnait envie, un petit garçon qui passait par là la lui déroba et partit aussi vite qu’il était arrivé. Etonnée et sans vraiment savoir quoi faire, la Baker l’observa en train de partir avec la pomme qu’elle venait d’acheter. Cependant, elle sentit sur son épaule une petite tape, elle se retourna et tomba nez à nez avec un jeune homme qui lui tendait une nouvelle pomme, toute rouge luisante et brillante. Cependant, ce ne fut pas par la pomme que son regard fut attiré, elle ne pouvait détourner les yeux de ce garçon qui prit l’initiative de prendre la parole.

« Prenez cette pomme. Mais je vous préviens, elle est empoisonnée. Si vous en croquez un bout je vous contrôlerai et vous serez obligé de vivre avec moi ».

La Baker se mit à rire face à cette phrase sans queue ni tête. Pourtant tout débuta d’ici, elle croqua dans la pomme et bien que cette dernière ne fût pas du tout empoisonnée, Florentine décida de ne plus quitter ce jeune homme. Laissant ses parents à leur triste sort, elle décida tout de même de partir vivre chez Mowgli. Fleur, comme aimait l’appeler Mowgli, ne connut rien en l’amour pendant 16 ans. Néanmoins, quand elle rencontra Mowgli, elle sut que c’était lui et personne d’autre.

Les deux amoureux vécurent heureux et eurent de nombreux enfants. Ah non, ça c’était la fin qu’ils avaient prévu pourtant rien ne se passa comme prévu. La vieille de leur mariage tout bascula. Florentine avait préparé le diner, elle attendait Mowgli depuis quelques minutes déjà, sur le seuil de sa porte portant la robe que son amoureux lui avait offerte récemment. Une robe aux motifs fleuris, légère, une robe tout aussi joviale que sa porteuse. Cependant, à ce moment-là, les yeux anxieux de la jeune fille fixaient sa montre de poche. Le Tic Toc de la montre la stressait de plus en plus.
On lui apprit plus tard que Mowgli avait disparu. Pas mort, tout simplement disparu. Enfin certains disaient qu’il s’était enfui, d’autre qu’il était mort, mais pour Florentine qui connaissait parfaitement celui qu’elle aimé, elle était sûre que ces deux hypothèses étaient fausses, elle le sentait dans son cœur. Un jour elle le retrouverait.

Les années passèrent, les saisons défilèrent la vie continua mais le sourire de Florentine n’apparut plus jamais. Elle continua tout de même une vie banale, retrouva même un jeune homme, gentil, séduisant, bien éduqué, que ses parents avaient choisi. Elle allait devoir se marier avec lui. La jeune fille avait accepté, de toute façon même si elle ne pourrait jamais oublier Mowgli elle se devait quand même de se faire plaisir à ses parents, ces derniers ayant dû subir son caprice de partir avec Mowgli. Chaque jour ses pensées étaient tournées vers son amour perdu, un regard si nostalgique.

A présent âgée de 22 ans, le jour de son mariage avec Czeslaw était enfin arrivé. Florentine était magnifique dans sa robe blanche, ses cheveux dorés tressés, attachés en chignon, avec juste une mèche légèrement bouclé qui retombait sur son visage. Elle s’avançait vers l’hôtel pour retrouver son futur mari, mais rien ne se passa comme prévu. Elle entendit le bruit d’une horloge, paniquant depuis que ce bruit était devenu sa phobie, elle glisse sur sa longue robe, sa tête vint se fracassait contre la marche qui menait à l’hôtel et c’est ainsi que la vie de Florentine Baker s’arrêta. Enfin c’était ce qu’elle pensait.
Pour autant, alors que tout le monde paniquait autour d’elle, de nouveau elle entendit le tic tac d’une horloge. Elle leva les yeux et se demanda pourquoi elle portait une robe de mariée. Mais d’ailleurs qui était-elle ? Haussant les épaules elle se mit à suivre le lapin blanc pour lui ordonner de cesser ce bruit. Personne ne la voyait, était-elle invisible ? Oh et puis de toute façon elle ne connaissait personne ici. Quand elle sortit de l’église, elle interpella le lapin afin qu’il s’arrête de courir, et bizarrement ce dernier l’écouta et resta planté comme un piquet près d’un arbre. Arrivée sa hauteur, elle prit une inspiration pour lui ordonner de casser sa montre, pour autant elle ne put dire un mot. Elle se sentit tomber, tomber, et encore tomber. Aucun cri ne sortit de sa bouche. Elle avait peur mais sa voix ne venait pas. Pensant que c’était la fin elle ferma les yeux pour venir, s’écraser doucement contre un sol froid. Alors qu’elle se relevait avec difficulté, une personne l’attendait, elle semblait si triste. Quand elle remarqua la présence de la jeune fille elle se dépêcha de venir à elle et l’examina de haut en blanc, ce à quoi la Baker répliqua.

« On se connait ? »

« Je ne crois pas Mademoiselle. Mais dîtes moi, avez-vous tuez mon frère ? »

« Je ne sais pas. »

« Comment ça vous ne savez pas ? »

« Je ne sais pas qui je suis, je ne sais pas où je suis, je ne sais pas qui vous êtes, je ne sais pas qui est votre frère, je ne sais pas donc pas si j’ai tué votre frère. »

« Je vois, c’est assez problématique…que diriez-vous de parler de tout ça avec une bonne tasse de thé » ?

Florentine accepta. De toute façon que faire d’autre ? Elle ne se souvenait de rien de sa vie d’antan, elle ne savait pas où elle était et quelqu’un lui proposait de thé, elle qui adorait le thé, comment refuser ? Elle suivit donc cet homme qui lui avait précisé pendant le chemin qu’on l’appelait le Chapelier Fou. Il l’invita à vivre dans ses lieux, sans savoir pourquoi, Florentine commença à adorer cette personne bien que triste. Elle avait l’impression d’être lui. Comme si, elle aussi avait perdu un être cher ? Mais qui ? Qui était la personne que Florentine avait perdue, qui était la personne que Florentine recherchait ? Elle ne savait rien, mais comptait bien rectifier le tir.