Mes parchemins, mon compas, ma cervelle, ma belle gueule. Je jette un dernier regard dans mon miroir et me lance un sourire. Oui, c’est bon je n’ai rien oublié. Lorsque que je quitte ma chambre, je balaye une fois de plus la pièce de mes yeux histoire de ne pas me trouver dans le caca de libellule une fois que j’aurais rejoint ma complice. Non, elle n’est pas encore au courant, mais comment pourrait-elle refuser ? Pour l’occasion, j’ai passé ma plus belle tenue. Celle que je ne sors que pour aller à l’encontre de mes semblables. C’est drôle mais elle me paraît comme neuve. Pourtant j’ai bien été voir le Sad Hatter il y a quelques jours non ? Enfin, avant qu’il nous pète une durite, cela va de soi. A moins que… Oui ça doit être ça. J’ai un nouvel habit à chaque fois. Ah qu’ils sont bons mes petits sujets ! Ils ont réussi à me le dupliquer en plusieurs exemplaires. Bref, j’ai ma tunique noire décorée de cœurs rouge sang. Dénuée de manches ce qui laisse indéniablement mes cicatrices à la vue de tous. J’aime me voir dedans. D’une parce que j’ai des bras bien proportionnés, musclés qui dégage une virilité sensuelle acquis grâce à mes maniement à répétition de ma vorpale cleaver. De deux, on y voit également ma puissance politique. Ma personnalité sadique et sans pitié. Quand bien même tout un chacun ignore d’où me viennent les dizaines voir les dizaines de traces sur le haut de mon corps, ils ressentent leur signification. Aucun doute. Là-dedans j’en impose et je me sens comme l’Empereur des cartes que je suis. Parchemins, compas, cervelle, belle gueule. Oui, j’ai tout. J’enfile une veste, histoire de rentrer incognito dans le chapeau géant et quitte mon royaume à dos de flamand rose.

Où vais-je ? Retrouver le Mad Hatter. Non pas celui-là, il n’est qu’un vil usurpateur. Je le conçois, il est plutôt doué dans son genre. Il a même réussi à se faire passer pour le jumeau du suicidé pour que personne ne remette en cause sa légitimité. Pa si fou que ça. Quoi que… il a été assez stupide pour garder le réel propriétaire de la région dans son château. La réelle propriétaire devrais-je dire. Donc comme A+a = 2 as et que ça donne généralement une main gagnante au poker, c’est elle que je vais retrouver. Ah ah ah ! Bien sûr que non je n’offre pas mes services gratuitement. Et pour une fois, ce n’est pas un paiement en nature. Bref, le Mad Hatter et moi on s’est mis d’accord. Si je l’aide à retrouver son trône, elle m’aide à balancer l’autre Blanche dans la rivière de sang et l’y noyer. Enfin… peut-être pas comme ça, ce serait un peu trop rapide pour ces mois de gue-guerre. Mais un truc dans le style. Je lui réserverais même une place d’honneur tiens ! Une longue et belle cicatrice sur une de mes jambes ou dans le creux de ma main. Ah nom d’un neuf de pique ! Je sais ce que j’ai oublié. Un présent.

Oui ! Parfaitement ! On peut être violent, sadique, manipulateur et capable de respecter les bonnes manières en même temps. Et je suis presque arrivé. Flamand de rose ! Qu’est-ce que ça peut bien aimer une femme ? Je ne me suis jamais vraiment posé la question jusqu’à présent et ne leur ai jamais offert quoi que ce soit. Si ce n’est un aller simple pour une croisière rougeâtre. Je ne pense pas que ce soit parfaitement adapté à la situation. Ah ! Un champignon. C’est sympa ça. En plus ça se mange je crois. Tiens, je pourrais en prendre plusieurs. Il me semble qu’ils aiment bien les couleurs ici. Ça fera l’affaire. Naturellement mes pieds me guident jusqu’à la chambre d’Anthéa. Nos positions sont des petits renseignements que nous avons échangés lors de notre première rencontre et j’avoue que ces indications ont plutôt été claires. Je frappe trois coups secs.

Ici le roi des cœurs pour la plus chapeautées de toutes. J’ai de quoi commencer nos petites affaires et espère que cette petite visite à l’opportuniste ne contrariera pas vos plans de la journée.

Bras tendu, je présente en premier lieu le composé de champignon. Barbare et sanguinaire certes mais la subtilité et la délicatesse peuvent s’avérer être un atout indispensable certaines fois. Voilà l’intérêt de porter plusieurs chemises.