Un oiseau s’approche. Vous vous retrouvez au creux de racines larges appartenant à un arbre immense. Il semble plus robuste que jamais. L’oiseau continue de s’approcher et vous vous relevez en contemplant les environs. L’oiseau est si petit que vous finissez par le perdre de vue alors qu’il arrive à seulement quelques centimètres de vous. Puis soudainement, un lapin blanc se matérialise devant vous. Il a de longues oreilles, son pelage est d’un blanc éclatant. Il porte une veste de costume bleu et sort une montre à gousset d’une petite poche avant de s’exclamer : « Nom d’une horloge ! Nous sommes en retard ! » Ni une ni deux, il vous prend par la main et vous emmène jusqu'à une porte avant de vous poussez pour la passer. Vous êtes à présent seul face à une table immense et l’on semble vous attendre. « Vous êtes en retard pour le thé ! Asseyez-vous ! »

Des voix, pleins de murmures incessants et ces couleurs qui virent et revire à nous donner mal de crâne. Ces motifs instables qui changent à chaque fois qu'on s'approche. Les fleurs qui commencent à chanter et puis le chaos, tout est noir, tout est triste rien n'est beau. On s'accroche au seul repère encore familier, mais il nous échappe vite des mains et nous rentrons dans un monde étrange qui nous n'avons pourtant jamais vue, mais qui est si familier. Ces personnages tous aussi fous l'un de l'autre et ce lapin, répugnante petites créatures avec son horloge qui vous crie que vous êtes en retard, mais en retard de quoi ? Vous ne vous souvenez pas d'un quelconque rendez-vous pris la veille ou d'une rencontre qui vous a marqué, mais vous y allez quand même, comme attiré par ce petit animal que vous détestez tant et qui vous fais peur. Les lapins sont malicieux, surtout les blancs avec leurs yeux rouges. Vous songez, vous divaguez, vous ne savez pas où vous allez, mais vous y allez comme si c'était une évidence pour vous. Et vous, vous retrouvez assis à cette table, immense garde mangé, où les aliments côtoies avec merveilles les boissons, aucun faux pas, que du bon goût. À son bout, un homme que vous n'avez jamais vue et à ses côtés le petit lapin qui lui murmure quelque chose à l'oreille. Soudain la voix de votre interlocuteur résonne de ce silence de mort. « Vous êtes en retard pour le thé ! Asseyez-vous ! » C'est ce que vous faites, vos jambes sont lourdes à forces d'avoir marché. Vous, vous affalé dans le siège douillet de velours vert et vous contemplez d'un air interrogateur l'homme qui vous fait face. Il attend votre réponse qui ne ce fait en aucun cas tarder « Quel accueil ! Une tasse de thé ne serait pas de refus » et il vous tend une théière avec ce liquide translucide au parfum oranger. Vous ne vous doutez pas que ce thé deviendrait plus tard votre favoris...

Votre parcours est semé d’embuche et vous voilà face au célèbre Mad Hatter dont on vous a tant parlé. Il est bien plus grand que vous ne l’imaginiez et semble bien plus fou encore. Il lève son large chapeau de sa tête pour vous saluer avant de vous attraper, petite larve que vous êtes, dans sa main trop immense pour y échapper. Ses yeux se plissent, il vous dévisage. « Que viens-tu faire ici ? » Son étreinte se resserre. Il pourrait vous broyer en quelques secondes s’il le voulait. « Est-ce toi qui a tué mon frère ? »

Cette tasse de thé enfin finie et les effets estompés, vous suivez de nouveai le lapin que vous distancez de quelques mètre pour ne pas être trop près de lui. Il sait que vous avez peur et il s'en accommode parfaitement même si il trouve votre phobie totalement étrange et saugrenue. Vous marchez d'un pas sûr, peut-être que l'animal vous emmènera cette fois manger des gâteaux. Votre ventre gargouille, mais vous n'y faites pas attention, vous repensez sans cesse à cette étrange rencontre que vous avez faite autour de cette table si bien agencée, vous vous rappelez de ce thé exquis que vous avez bu. Trop imprégné dans vos idées, vous ne voyez pas que le lapin s'est arrêté et que vous faites dorénavant face au Mad Hatter, trop subjugué par sa grandeur et la folie dans ses yeux, vous vous laissez attraper comme si de rien n'était. Vous êtres intimidés et c'est tout à fait normal, vous ne savez pas trop quoi dire devant ses questions plus folles que les autres. Vous prenez votre courage à deux mains et vous essayez de former une phrase digne de ce nom « Je me promenais et j'ai suivi le lapin blanc jusqu'ici, j'avoue avoir été intrigué par lui ». Il vous dévisage longuement avant d'approuver votre réponse, mais l'interrogatoire n'est pas fini, le Mad Hatter vous pose une autre question, cette fois-ci vous ne comprenez pas totalement, mais vous essayez de répondre dignement « Votre frère ? Vous avez eu un frère ? Je ne suis même pas au courant, je viens juste d'arriver comment voulez-vous que j'ai tué votre frère ? » approuvant votre réponse il vous laisse partir avant de vous dire qu'il vous aura toujours à l'oeil...

L’eau est si rouge par ici. Tout cela est bien étrange. Vous entendez crier derrière vous et vous retourner. Une tête et un nez énorme vous font face. « Coupez-lui la tête ! » Du sang vient gicler provenant de la main de la Reine Rouge pointant son doigt crochu sur vous. Ses sbires ne tardent pas à arriver. Pris de stupeur vous tomber dans les eaux troubles de la rivière de sang et vous évanouissez dans votre dérive. Les cauchemars vous submergent. Assis dans une barque avec le lapin blanc, une tasse de thé à la main, tout semble pourtant bien se passer, jusqu’à ce que l’eau redevienne rouge et que la tête du lapin blanc explose en mille morceaux. Vous êtes happé par les eaux et vous retrouvez au dernier endroit que vous avez foulé avant votre arrivée à Wonderland.

Tout était si paisible avant votre arrivée ici, vous êtes dorénavant pris de stress et de fatigue, vous voulez à tout prix rentrer chez vous, mais vous savez pertinemment que ce n'est qu'utopique. Vous avez cette berceuse qui vous revient en tête, mais elle est vite oubliée une voix criarde viens de derrière vous « Coupez-lui la tête », vous ne vous posez pas trente-cinq mille questions et vous filez droit devant vous, vous vous mettez à courir sans vraiment savoir où vous allez, tout ce que vous voulez c'est échapper à cette horrible chose à la tête et au nez gros comme un jar. Vous ne faites pas attention où vous mettez les pieds et vous tombez dans des eaux aux rouges pivoine. Vous vous évanouissez et vous ne savez pas ce qu'il se passe, tout paraît de nouveau étrange, presque cauchemardesque. Tout est si froid et si triste, cela vous donne envie de pleurer et cette berceuse qui est revenue, vous ne vous souvenez plus où vous l'avez entendu, mais elle est bel et bien dans votre tête. Vous regardez d'un air étrange le lapin qui vous fait face, vous ne vous doutez pas qu'il va exploser. Vous sombrez encore plus profondément dans les eaux troubles de la rivière, vous vous retrouvez au dernier endroit, avant de rencontrer le lapin blanc. Vous voyez les arbres en fleurs et vous vous rappelez que c'était le printemps, vous voyez au loin ces enfants jouer, ils semblent tellement heureux et à vos côtés une femme. Elle est si belle, si pure, vous vous rappelez qu'avant de venir à Wonderland, vous étiez amoureux, mais vous ne vous souvenez plus comment c'était. Tout paraît dorénavant froid et sans amour. Vous versez une petite larme avant de prononcer son prénom « Victoire... » vous la voyez vous sourire tendrement, vous sentez sa main sur la vôtre, mais vous ne pouvez pas la toucher comme si vos bras et le reste de votre corps était paralysé. Vous, vous sentez vide et désemparé, vous ne savez plus quoi faire ni comment réagir... et puis la folie, celle qui vous prendra tout le long de ces années, celle qui nourrira votre espoir et qui vous tiendra en vie. Cette seule folie qui va devenir par la suite votre plus grande amie. Elle s'immisce en vous, se fait un nid et n'y bouge plus. Vous pensez que tout va redevenir normal, mais vous vous trompez, la folie a pris le dessus sur vous, vous ne faite que plonger dans un état de désarroi. Vous êtes dorénavant froid et sans vie, presque aussi mou qu'un jelly. Vous êtes triste face à cette image qui vous hante, vous voulez revoir l'amour de votre vie, mais vous ne pouvez pas...

Le temps est calme par ici. Vous arpentez le froid et la neige depuis quelques heures, et pourtant, rien ne semble vous perturber. Le château de la Reine Blanche vous fait face, vous décidez d’y entrer. Tout est si … glacial. La robe blanche et la longue chevelure tout aussi pale viennent vous surprendre. La Reine est si belle, tant de beauté pourrait faire peur. Elle vous invite gentiment à vous installer près d’elle, vous acceptez. Assis face à la Reine la plus belle de Wonderland, vos yeux n’ont de cesse de contempler les siens. « Je suis belle n’est-ce pas ? » Elle semble vous hypnotiser. Vous rendre fou. Votre tête pourrait exploser. Ne fermez pas les yeux, elle pourrait mal le prendre. Une main posée sur la votre, elle se rapproche délicatement et souffle à votre oreille. « Voudrais-tu te regarder dans mon miroir ? »

Vous marchez depuis bien trop longtemps, les bouts de vos doigts sont rouge et le froid commence à creuser des fosses dans vos mains et à les faire saigner. Vous pensez que vous auriez dû prendre quelque chose avant de venir ici, mais vous pensez aussi que vous ne saviez pas que l'hiver était aussi rude. Tout est trop calme dans les alentours et ça vous met un peu la chair de poule. Vous marchez vers le château de la reine blanche, vous regardez d'un air étrange ces arbres mort qui n'ont plus aucune vie à cause du froid et de la neige. Vous, vous retournez pour voir vos pas sur le sol, vous rentrez sans vraiment vous en rendre compte dans le château, quand vous vous rendez compte que quelqu'un vous fait face, vous regardez alors la reine blanche, droit dans les yeux. Celle-ci vous sourit, vous ne remarquez qu'après que tout sont chez elle est un blanc immaculée, même elle. Vous êtes hypnotisé par sa beauté surréaliste. Vous vous asseyez près de la jeune femme, votre regard ne peut se décrocher de son visage harmonieux. En elle, vous revoyez Victoire, l'amour de votre vie. Votre folie reprend le dessus, vous essayez de la vaincre, mais en vint. Vous voyez les lèvres de la reine bouger, mais vous êtes tellement obnubilé par sa présence que vous n'entendez pas ce qu'elle dit, vous vous contentez juste de secouer la tête. La reine blanche vous tend alors un joli miroir magnifiquement décoré de petites sculptures finement ciselées. Cela vous rappelle une sorte de dentelle que votre grand-mamie portait quand elle était encore en vie. Vous prenez l'objet à deux mains et comme attiré vous regardez votre reflet dedans. Quelques secondes s'écoule avant que votre visage soit brouillé, vous vous voyez presque entouré de folie, vous n'avez plus peur, car vous avez l'habitude de cette émotion. Vous regardez d'un peu plus près et vous plongez dans votre regard. Vos yeux changent de couleurs en fonction de vos humeurs, vous trouvez que votre regard ressemble étrangement à celui du chapelier fou et vous trouvez ça très bien. Des couleurs, des senteurs et des objets qui bougent s'invitent autour de vous, vous trouvez votre reflet étrange mais vous en faites pas vraiment un cas, même au bout d'un moment vous trouvez ça totalement normal. Vous rendez l'objet à la reine blanche qui vous regarde avec un grand sourire...

La mort. Elle vous a pris. Emportée. Dans un monde que vous n’auriez jamais du découvrir. Certains n’auraient jamais voulu venir ici. Et pourtant … Personne n’a choisi d’être ici et encore moins le Sad Hatter. Pourquoi ? Parce qu’il est trop malheureux. On raconte qu’il s’est suicidé. D’autres pensent qu’il a été tué. Mais par qui ? Personne ne sait la véritable histoire. L’avez-vous déjà vu ? étiez-vous à Wonderland avant la mort du Sad Hatter. C’est bien ce qu’il me semblait. Un chuchotement dans les bois. « N’approchez pas des sables mouvants. » Vous avancez vers le sable, comme irrésistiblement attiré. « N’approchez pas du labyrinthe. » Mais votre instinct vous encourage à y aller. « Ne pénétrez pas mon domaine. » Vous faites face au château délabré du Sad Hatter. Tout est dévasté.

Ces voix, encore et toujours les mêmes; puis cette berceuse que vous entendez toujours dans votre tête et que vous n'arrivez pas à enlever. Vous avez tellement erré que vous ne savez plus où vous êtes. Vous ressentez surtout une énorme tristesse, comme si quelque chose vous transperçait le coeur, vous avez envie de pleurer, mais vous, vous retenez. Vous traînez des pieds comme si vous aviez la flemme de marcher, mais vous êtes comme attiré. Vous marchez pendant quelques minutes, regardant tous ces arbres morts, ses fleurs fanées, vous remarquez que tout est triste et que rien n'a de vie. Plus aucunes couleurs égayent votre visage, vous devenez froid et votre visage ne laisse entrevoir aucunes émotions, mais en avez-vous encore ? Vous imaginez alors un monde tout aussi merveilleux, avec des couleurs, de la joie et des fêtes, vous imaginez des gens heureux qui dansent et qui chantent au grès du jour. Vous croyez que ce n'est qu'illusoire, jamais personne ne vous a parlé de Wonderland avant votre arrivée, avant la mort du Sad Hatter. Vous ne savez pas que ce petit monde était rempli autrefois d'une bonne de folie. Vous, vous retrouvez face un château, délabrée, triste et sans vie. Vous haussez les épaules, à quoi bon, vous en avez l'habitude maintenant. Vous restez là, planté devant la grande bâtisse à vous demander comment sera votre vie ici. Vous repensez tristement à ce cauchemar que vous avez vue en mourant, le visage de Victoire vous hante et vous hantera jusqu'à la fin de vos jours. Vous vous demandez si tout cela a vraiment un sens, puis vous faites demi+tour, rejoignant le château du chapelier fou là au moins vous pourrez essayer de vivre avec la folie qui vous emporte petit à petit. Vous regardez une dernière fois ce château délabrée et vous espérer de tout coeur qu'un jour Wonderland devienne paisible...