Dans le tarot de marseille, le mat représente un vagabond, tenant un bâton de la main droite, son baluchon sur l'épaule de la main gauche, poursuivi par un chien qui lui a déchiré sa chausse, et les yeux tournés vers le ciel. C'est la seule carte pour laquelle les interprétations divergent radicalement. L'interprétation la plus courante en fait un fou, errant sans fin, une carte de vagabondage et de détresse. Mais certains occultistes y voient tout au contraire l'accès à un monde hors du monde, une renaissance, voire même le symbole de l'initié authentique, ayant accès à un monde inaccessible au commun des mortels.

Leicester a vécu dans les années 20. Jeune insouciante qu’elle était. Elle faisait partie de la bourgeoisie londonienne et croquait la vie à pleine dent. Enfin, ça, c’était avant qu’elle n’arrive au pays des merveilles. Du jour au lendemain, cloitrée dans un monde qu’elle ne comprend pas, qui se détruit à petit feu, elle erre sans but précis. Elle attend la mort, la sentence, le jugement dernier. Elle est persuadée qu’elle a fait quelque chose de mal et qu’elle est condamnée à vivre dans ce monde sans queue ni tête jusqu’à la fin des temps. Alors elle essaie de se suicider. De trouver un moyen pour s’ôter le peu de vie qu’il lui reste. Sauter dans les précipices les plus profonds du pays, s’engouffrer dans le labyrinthe de ronces, se noyer dans la vallée de larmes, rien n’y fait. Elle ne peut pas mourir. Elle se sent piégée, condamnée à une vie qu’elle ne veut pas mener. Loin de ses proches et de sa routine londonienne, depuis plus de cinquante ans, elle est perdue dans ce monde où tout change du jour au lendemain.

Âme en peine qui erre dans le pays, elle ne s’étonne même plus des merveilles qui l’entourent. Mais ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle est l’élue d’une étrange histoire. Descendante d’Alice, élue d’une prophétie sombre et ténébreuse, si elle n’arrive pas à se donner la mort, c’est parce que le pays a besoin d’elle pour tout remettre en ordre. Mais lorsque les grands dirigeants découvriront son importance, elle sera l’objet d’une chasse. Parce qu’elle seule est la clé de la renaissance. Elle seule pourra redonner sa gloire au pays des merveilles.

La réalité en pleine face. A moins que ça soit une illusion. Il n’en sait rien. Toujours est-il qu’il y a quelques jours, il était encore en vie, à Athènes. Mais du jour au lendemain, il s’est retrouvé ici, et il ne sait pas pourquoi. Thanatos a toujours vécu à 100 à l’heure sans penser aux conséquences de ses actes. Et aujourd’hui, il en est mort. Mais ça, il ne le sait pas. Il pense qu’il est dans le coma et qu’il doit mourir pour se réveiller. Seulement, il a beau essayer de mourir, il n’arrive à rien. Suicidaire dans le pays du chapelier triste, il a su s’attirer les foudres de la reine rouge par un affront terrible. Il a refusé une invitation au château. Depuis, elle le recherche dans le seul but de lui apprendre la politesse. C’est lors d’une course poursuite qui rencontra celle qui l’a sauvé. Calixte. Depuis, il vit en ermite avec elle dans la forêt et même s’il est conscient de la terrible malédiction qui pèse sur elle, il cherche sans cesse son regard afin de mourir une bonne fois pour toute.

Prisonnière du pays depuis plus d’un siècle, Calixte a fini par y perdre son esprit. Irraisonnée, irraisonnable, elle se croit atteinte de la pire des malédictions, la malédiction de Méduse. Depuis plus de 100 ans, elle erre sans fin dans la forêt de la reine blanche. Pour échapper aux hommes de la reine rouge, c’est là qu’elle se cachait au début. Mais elle a fini par s’y perdre. La forêt est ornée de statues délabrées que l’on trouve dans tous les recoins. A force de ne croiser que des êtres de pierre, elle a fini par croire qu’elle était celle qui les transformait. Elle a fini par les adopter, seuls amis dans une forêt hostile où elle doit survivre chaque jour. Elle la connaît par cœur. Elle la domine, cette étendue de bois. Et les habitants du pays ont fini par croire à la légende qu’elle a elle-même crée. Ils savent qu’elle vit là et qu’il ne faut jamais croiser son regard à moins de vouloir devenir pierre. Aussi glaciale que la pierre, Calixte est morte de son isolement. Vivante, elle pensait que personne ne méritait son attention. Orgueil dont elle est victime aujourd’hui. Folie qui la détruit un peu plus chaque jour. Seulement, depuis peu, un compagnon vivant se joint à elle. Elle l’a recueilli alors qu’allongé dans la neige, il n’en pouvait plus. Elle ne sait pas qui il est, c’est à peine si elle lui parle. Quant à lui, tout ce qu’il sait, c’est qu’il ne doit jamais la regarder dans les yeux. Amants maudits, elle pourrait le perdre au moindre regard. Alors elle l’évite, quand bien même les passions qui se déchaînent sous son crâne la poussent à se jeter sur lui rien qu’au son de sa voix…

It will be ok, i swear. Lorsqu’il était encore vivant, Jack était un brillant chirurgien. Jusqu’à ce qu’il ne commette une bourde. Une appendicite. C’était tout simple. Même un interne aurait pu y arriver. Mais malheureusement pour lui, une étourderie, et boum, la patiente, pourtant pleine de vie, décéda sur le champ. Ne pouvant supporter le poids de la mort sur ses épaules, il se suicida. C’est ainsi qu’il atterrit au pays des merveilles. A-t-il conscience qu’il est mort ? Peut-être… Complètement perdu, il sombre dans une folie qui le détruit à petit feu. L’Asile abandonné ? Il n’y alla pas en tant que fou, mais en tant que docteur. Le boucher de l’asile. Chargé des lobotomies. Ses opérations se déroulent dans un bain de sang, si bien que ses mains en ont pris la couleur. Elles ne sont pas rouges, mais fortement teintées. Comme si le sang ne pouvait jamais plus partir. Que fait subir Blood à ses patients ? Croyez-moi, vous ne voulez pas le savoir. Et pourtant, la culpabilité meurtrière l’envahit. Il regrette tout, toujours. Les remords dans sa gorge. Alors pourquoi continue-t-il ? Parce qu’il est persuadé que c’est son devoir. Purger la même peine, encore et encore, donner la mort à ses patients, pour toujours, châtiment divin, ou pas, il y croit dur comme fer.

Caroline est née en France, dans une petite ville sans problème. Elle y a vécu paisiblement, avec tout l'amour que ses parents pouvait lui donner. Depuis sa plus tendre enfance, Caroline ne fait que danser, encore et encore. Elle ne rêve que de ballets et d'étoiles. Elle est déterminée, et sait qu'un jour, elle montera sur scène pour danser. Depuis ses seize ans, elle enchaine les spectacles, se produisant dans son village et ceux alentours. A vingt ans, elle décide de partir pour la capitale où elle se fera une place dans une petite troupe de cabaret. Elle touche son rêve du bout des doigts, passe des auditions, se fait des contacts. Elle vit dans un conte de fées. Mais la réalité va très vite la rattraper. Un soir, alors qu'elle était sur scène, les clients se sont fait plus pressants, voulant la toucher, et plus encore. Certains posèrent même leur langue sur sa peau. Elle continuait de danser, mais les larmes sur son visage en disaient long sur ce qu'elle ressentait. Son rêve se brisait, et ça ne faisait que commencer. Une fois dans les loges, on lui demanda d'aller dans la salle pour divertir un client important. Divertir, signifiant se déshabiller et le laisser faire ce qu'il voudra bien lui faire. Elle s'exécuta, mais par chance, dirons-nous, un feu se répandit dans le cabaret avant qu'elle n'eut le temps de retirer quoi que ce soit. Les cris qu'elle a pu entendre la hantent encore dans son sommeil, il lui est arrivé de s'immobiliser sur la scène de la Sirène Mutilée, terrorisée par ce souvenir, c'est la raison pour laquelle les autres perles lui donnent des cachets avant qu'elle ne monte sur scène. Détrompez-vous cependant sur la finalité de l'incendie, Caroline a été l'une des rares rescapée. Mais aucun de ses compagnons de troupe, ni l'infâme client avec qui elle était, ne s'en est sorti. Sa mort. Ce qui l'a conduit à Wonderland. Tout se passe deux ans plus tard. Anéantie par le soir de l'incendie, elle n'a fait qu'errer depuis. Et c'est un soir de pleine lune qu'elle fut violer et tuer dans l'ombre d'une ruelle. Elle n'a pas crié. Elle ne s'est pas défendu. Elle s'est simplement, lentement, emportée par la mort.

A Wonderland, elle s'installe chez le Sad Hatter, pour qui elle danse à plusieurs reprises. La seule chose qui lui donnait le sourire. Danser pour lui, lui donnait l'impression d'être importante, mais lorsqu'il mourut à son tour, elle perdit pied. Encore. Elle quitte le château pour les contrées de la Reine Blanche, le froid de l'hiver la font se sentir plus vivante. Elle marche pieds nus dans la neige. C'est sur les routes de Wonderland, lorsqu'elle décide de retourner dans le sud de Wonderland, qu'Ustritsa et Tintenfisch lui proposent de venir danser à la Sirène Mutilée, lui promettant une vie de luxe et du bonheur à en perdre la tête. Elle accepta sans réfléchir, et n'a jamais quitté la Sirène depuis ce jour. Elle n'a jamais revu l'extérieur, c'est la raison pour laquelle elle ne cesse de demander le temps aux personnes qu'elle croise au cabaret.

Well, if this is heaven, I wonder how hell is... On ne revient pas sur son passé. On ne revient pas sur ses pas. Candice s'est tuée par amour pour son petit ami. Elle pensait le retrouver au paradis... Et visiblement, elle s'est trompée. Pendue au lustre de son hall d'entrée, c'est comme ça qu'on l'a retrouvée. Et depuis, elle erre, à Wonderland sans trop avoir de but. Vulnérable et manipulable, elle a été approchée par Blue Titenfisch qui lui a proposé un poste à son cabaret. Elle n'est pas danseuse, non, elle sera serveuse. Alors, tous les soirs, elle sert ces hommes infames qui regardent ses amies se dénuder. Elle trouve ça immonde, mais elle ne peut pas faire autrement, elle n'en a pas la volonté. Prisonnière qu'une prison illusoire, elle donne sa liberté à ceux qui n'en veulent pas. Disparue, la fille hyperactive et têtue qu'elle était, Candice n'est plus que désespoir et tristesse. Instable et bipolaire, elle change d'une seconde à l'autre. Elle court. Vite. Loin. Elle hurle au bord des falaises. Et aimerait tant pouvoir sauter. Mais elle n'en a plus la force.